C'est le premier sujet qui me tient à coeur, et j'aimerai ouvrir cette catégorie en faisant part d'une expérience.

En ce qui me concerne, j'ai toujours été au moins grassouille, pulpeuse, voire au bord du surpoids (IMC parlant). J'ai pas été mince depuis mes 9 ans. Mais j'ai pas été non plus franchement "grosse". Je passe la difficile période du collège et des vestiaires et des connasses qui les peuplaient, les remarques blessantes, les insultes; c'étaient des con(ne)s. Comme presque toute ado un peu dodue qui s'en prend plein la tronche toute la journée, j'ai été très complexée les premières années; de la bonne vieille métalleuse qui reste en veste et baguy sous 36° sur la plage alors que tous les copains sont à l'eau, à l'ado qui accepte le tee-shirt, puis l'année d'après qui veut bien se baigner mais qui lache sa serviette XXXXXL au bord de l'eau, je suis finalement, depuis mes 16 ans, bien dans mon corps; j'ai compris que quand on est grosse, deux choix : soit si on est vraiment pas bien, on se met au sport et on arrête le Coca jusqu'à être à l'aise, soit si c'est trop dur... ben c'est que finalement c'est pas tellement une priorité et donc il reste plus qu'à s'accepter tel quel.
Mais malheureusement à 14 ans j'ai un peu sombré. Je ne dirai pas avoir fait de l'anoréxie, ou en tout cas c'était juste une passe. Et je me souviens très bien de cette période :

J'ai eu beaucoup de problèmes dans mon passé, une enfance bien chargée, et un début d'adolescence... désastreux. Et à ce moment, à 14 ans, j'avais plus spécialement de problème dans ma vie si ce n'est que j'étais très seule et que le collège était un calvaire. J'étais la Morticia du collège, la sataniste, la moche, celle qui se coupe les veines, on me balançait des graviers à l'entrée, on m'insultait sans vergogne sur mon apparence, la famille me faisait complexer et je fondais en larmes dès qu'on me faisait la moindre remarque à table, je me faisais tabasser dans les couloirs, je me faisais toucher, BREF j'étais une grosse victime et malheureusement plus on est fragile plus ou nous blesse, plus on est blessés plus on a l'air fragile. Je suis donc passée par une étape que j'appellerai "je suis mal dans ma peau on me persécute tous les jours je dégoute tout le monde je veux être invisible", ou encore "ah ouais c'est comme ca ? et ben regardez ce que je vais faire vous allez vous en mordre les doigts, c'est vous qui êtes coupables de ce qui m'arrive et je vais vous le montrer" => -14kg en 2 mois et demi. Ma recette ?

- 400 abdos par jour (oui, 100 le matin, 100 à midi, 100 au gouter, 100 le soir) + 1h30 de gym de chambre vous savez ces exercices à deux balles qu'on trouve sur internet. J'avais ma routine quotidienne, et mes punitions.
- un carnet de calories : je m'en autorisais moins de 100 par jour (pour vous donner une idée, un flamby fait 80kcal.
- repas dans des assiettes à dessert au départ, pour finir les deux dernières semaines à me nourrir uniquement de tomates crues.
- vomir... j'essayais en fait, je vomissais guère plus que beaucoup de salive et un peu de bille.

Je suis donc passée de 72 à 58kg, j'étais complètement apathique, je tremblais, j'étais épuisée, j'avais tout le temps le vertige, et quand je montais les escaliers du collège j'avais 2 litres de larmes qui me coulaient sur les joues alors que je ressentais pas de chagrin. Et j'ai jamais été aussi mal dans ma peau que ce court moment où j'ai pesé 58kg; j'étais vraiment sûre d'avoir exactement la même silhouette qu'a 72. Un jour j'ai eu le déclic, j'ai arrêté parce que j'ai pas été capable de soulever un verre d'eau plein sans mes deux mains. 
Personne n'a rien remarqué, ni même ma famille, ne m'a montré de compassion, ou a eu l'air de s'en inquiéter, parcontre quand j'ai repris ce que j'avais perdu on a pas oublié de me le faire remarquer. Ben ouais désolée mais je me sens mieux en fait, du coup j'ai décidé de manger et de pas me suicider à petit feu, mais si je replonge je te tiens au courant t'inquiètes...
Aujourd'hui, quand j'essaye d'en parler à mes parents ils me rient presque au nez et n'ont pas l'air de me croire en fait... Soit.


J'ai envie de me servir de cette expérience pour introduire un sujet qui me tient très à coeur, et qui porte un nom depuis peu : la grossophobie.