On est dimanche, il fait beau et chaud, il est aux alentours de 15 heures, encore 15 min de marche me séparent de mon domicile. J’ai mes écouteurs, tout va bien.
Je passe devant mon horrible collège. Il est entièrement gris foncé, en béton, avec une immense grille en métal qui cache les fenêtres des étages et fait tout le tour du bâtiment.
Je déteste ce collège. Les gens y sont d’une cruauté avec moi sans pareil. J’en suis la pire victime. Je ne me défends jamais, je ne dis jamais rien, j’encaisse en silence, j’ai peur des conséquences si je résiste, des représailles si je me défends. Je déteste mon collège.
Le trottoir est étroit. Pourtant, je vois quelques mètres en face de moi un groupe de jeunes. Probablement du collège. Je baisse déjà la tête je sais que mon physique et mon style vestimentaire suscite toujours de la haine ou des moqueries. Qu’est-ce qu’il va se passer ? Je n’ai pas d’autres choix que de passer au milieu d’eux, de toutes façons même si je changeais de trottoir le temps de les contourner, rien ne les empêcherait de m’insulter de loin et pire, je ne veux pas les inciter à se déplacer, à me suivre ou à marcher avec moi pour m’insulter.
J’y arrive. Je ne les entends pas, j’ai toujours mes écouteurs. Mais je sens quatre mains me caresser les fesses et d’autres endroits dont je ne me souviens pas. Je les entends simplement faire des « hmmm ». Ouf, ca n’a duré que le temps que je passe.
Je devrais leur crier dessus virer leurs sales mains, quel âge ils ont ces connards ? Mon âge si ce n’est plus jeune ! Pour qui ils se prennent ? Je devrais en pousser au milieu de la route et casser la tête des autres. Je suis triste. Ca n’a duré que le temps que je passe, mais quand j’y pense j’ai encore la sensation de leurs mains qui passent, lentes, douces… Ces inconnus qui me détestent aveuglément et que je haïs encore plus… Cette douceur est pire que la violence.
J’ai honte. J’aurais dû, j’aurais dû, j’aurais dû. J’espère qu’ils n’étaient finalement pas du collège et qu’ils m’ont oubliée.
Personne ne le saura jamais.
Ils te harcèlent, personne à qui parler...